Journal de Bord
Cabri'Air, ton univers impitoyable
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Du 25/04/2005 au 30/04/2005
Publié le 1er juin 2005 par Guy-Cédric G
Fin Avril de l'an 2005, quelques valeureux pilotes du fief Cabri'air se sont donné rendez-vous quelque part près d'Annecy pour leur grand tournoi annuel. La règle du jeu : des kilomètres, encore des kilomètres, toujours des kilomètres. Chacun pour soi, pas de quartier, et malheur au plus faible !
Les acteurs en présence | Les acteurs qui vont en découdre sont : Chevalier SP2 (sans Peur et sans Piles), qui compte sur sa nouvelle monture, une fière Sigma 6, pour nous faire mordre la poussière, Messire Davit, récemment adoubé seigneur du Vissou, Dame Hélène, qui veut prouver que l'on peut rester femme dans ce monde de brutes, Connétable Hermitte, ayant fait fortune dans la finance, venu chercher des quartiers de noblesse dans cette bataille, Louis le Brave, le plus expérimenté d'entre nous, mais handicapé par un destrier indigne de son rang (un Mojo), Seigneur Wisniewski, notre maître à tous, vainqueur de nos dernières joutes. Nous le révérons mais rêvons tous de le détrôner (surtout Sire Davit), Denis le Preux, prêt pour le combat malgré sa prothèse, Votre serviteur, qui n'en mène pas large en si bonne compagnie avec 0 vol depuis le début de l'année.
1er jour
Le groupe, au départ du Sire | Joël Favre, le maître de cérémonie, nous propose une chevauchée le long de crêtes du Revard pour nous mettre en bouche. A 12H, les nuages sont sous le déco, et nous attendons patiemment que le plafond s'élève un peu. Feu à 14H. Les premiers kilomètres sont avalés doucement dans des thermiques faibles sous des nuages bas.
Premier morceau de bravoure au Semnoz. Conseillé par Joël, Pascal nous montre le passage vers le roc des Bœufs : enrouler le thermique en se laissant dériver, entrer dans le nuage, prendre cap au Nord-Ouest, serrer les fesses et lever les pieds pour ne pas se prendre dans les arbres du sommet ! Ca le fait pour tout le monde sauf Louis qui, légèrement attardé, reste piégé et hésite à forcer le passage seul.
En face, ça raccroche plus bas que bas pour moi. Sûr que celui qui pose là va se faire pourrir toute la soirée, alors on s'accroche à tout ce qu'on peut pour rester en l'air et en vie. Après une heure de gratte au ras des pâquerettes avec mes compagnons d'infortune, Denis et Cocotte Hélène, ça finit par le faire, et nous traversons enfin le lac direction la Forclaz. La suite du vol est plus facile avec des plafonds qui montent et des thermiques plus francs : Lanfonnet, Dents de Lanfon, cavalcade sur les crêtes enneigées du Parmelan, et retour direct à Planfait, poussés par une belle brise de Nord. Un beau vol bouclé en 4H30 par la plupart des pilotes. Seul l'infortuné Louis, posé au Roc de Bœufs avec Mojo, devra subir les quolibets de ses camarades ce soir.
Le lendemain, ça vole pas. Nous étanchons notre soif de compétition par un tournoi de foot. Alain et moi, soucieux de conserver notre influx pour les batailles à venir, décidons sagement de laisser gagner Pascal et BD.
3ème jour
BD, sur fond de Tournette | Après un plouf à Montlambert, nous nous jetons dans la mêlée à Planfait. Avec 30 voiles sur 500 mètres de falaise, des thermiques péteux et une inversion 50 mètres au dessus, ça devient vite très craignos. Finalement, nous franchissons l'inversion à pieds, sac sur le dos, pour décoller aux chalets de l'Aup, au pied de la tournette. Décollage, transition sur le Lanfonnet, montée au plafond et retour sur la Tournette. L'inversion est à 1675 mètres, et je raccroche à 1668. Damned ! Je zigzague au ras du caillou pendant que tout le monde me passe au dessus de la tête. Il faut alors supporter pendant une heure les commentaires émerveillés de mes camarades qui s'extasient de la vue en radio et se prennent en photo au sommet sur fond de Mont Blanc. Les sarcasmes seront-ils pour moi ce soir ? Non ! Le vent est tombé au déco et Alain le malheureux reste scotché au sol juste sous mes pieds. Ce soir, c'est lui qui va prendre (Pauvre Alain, qu'est ce qu'ils t'ont mis !).
4ème jour
Alain ne s'étant pas suicidé dans la nuit, nous nous retrouvons tous au même endroit pour remettre ça. Les premières voiles sortent à Planfait et se font satelliser sur les dents. La base des cumulus indique un plafond largement au delà de 3000 m. Tout le monde le sent : les choses sérieuses, c'est pour aujourd'hui !
Guy-Cédric attaque l'accro à + de 3000 m | Toute la troupe se met en l'air, plafond au Lanfonnet, retour à la Tournette, et feu sur les Aravis. Seul Alain, encore traumatisé, décide de rester en local.
A La Clusaz, Dame Hélène ne répond plus. Distancée au raccrochage de Manigod, elle s'est trompée de vallée. On la retrouvera finalement au soir saine et sauve, posée à Sallanches. Sire Davit, troublé par la disparition de sa Dulcinée, perd de sa concentration et s'enfonce inexorablement. Nous l'abandonnons sans pitié à son triste sort, vaché quelque part dans les alpages du Grand Bornand. Au Pic de Jalouvre, SP2 en panne de vario lance un cri de détresse et amorce à son tour une lente descente aux enfers vers la voiture balai. Tant pis pour lui.
Pour les survivants, retour vers Annecy par le Lachat de Thônes qui nous gratifie du plus beau thermique de la semaine. Ca monte très fort, on se fait bien secouer, mais personne ne dit mot. Revenus au point de départ, c'est un allez-retour bien connu dans les Bauges qui s'offre à nous. Messire Louis dompte enfin le Roc des Bœufs puis rentre sagement boucler un superbe parcours. Pour les autres, nous visons le Trélod et poussons jusqu'à la dent d'Arclusaz. Rerour de Joël par le Trelot | Mais le vent du nord qui se renforce va causer notre perte sur le retour. Nous jouons à saute-chamois sur l'arrête du Charbon, mais il manque 50 mètres à Denis, Joël et moi pour franchir le col et basculer sur Doussart. Nous nous posons ensemble au fin fond des Bauges tandis que Pascal, en vieux renard, prend un infime vario là où nous nous sommes fait enterrer il y a 2 minutes. Il enroule délicatement pour basculer victorieusement de l'autre côté et boucler en près de 5 heures un aller-retour de 96km ! Damned ! La messe est dite, vassaux nous sommes, et vassaux nous resterons, au moins jusqu'à l'an prochain !
5ème et dernier jour
Fin de vol tout en douceur | Emoussés par l'épopée de la veille, nous sommes moins vaillants pour partir au combat et défier les cimes de la vallée de Chamonix. Les thermiques « hyper violents » (dixit BD) ont raison des plus valeureux d'entre nous, et c'est finalement de Mieussy que nous nous élançons pour notre dernier vol. Chacun fait son petit cross, posé à Samoens pour le gros de la troupe, sauf Pascal (encore !) et SP2 qui finissent à Cluses.
En conclusion, des conditions inespérées au regard de ce printemps pourri nous aurons permis de réaliser quelques très beaux vols, dans un esprit d'entraide et de camaraderie malgré ce que ce récit pourrait laisser croire. Merci à Joël pour sa science et son enthousiasme.
Les images jointes
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