100 bornes à Trois Cabri'airistes en partant du Vissou, ça y est, on l'a fait !
Le parapente a cela de merveilleux, comme d'autres choses, cherchez bien, mais pas trop ... Ça n'est jamais pareil ! Même en volant toujours au même endroit ! Ce vendredi n'était vraiment pas comme les autres. Je commençais la journée par ne pas aller au travail, pas de panne de voiture, non. Simplement la météo me semblait favorable à un vol autour du Salagou. Il n'y a pas que le boulot dans la vie, heureusement. Ah non !
Je ne me trouvais pas seul au déco en ce début d'après-midi, bien au contraire ; les cabres étaient sorties de la bergerie et ne voulaient pas manquer cette journée, l'ambiance était aux grands départs groupés. Une bonne douzaine, de tous crins, voulait repeindre le ciel de toutes les couleurs. La majorité, pressée de se mettre en l'air décollait avant moi, me montrant que les conditions semblaient optimales, cela me fit accélérer l'allure. La voile à peine prête et déjà quatre ou cinq pilotes avaient transité au mont Mars, les autres en partance enroulaient patiemment. Déco en deux temps et à la recherche du thermique qui jouait à cache-cache avec les retardataires. Enfin, arrivé aux alentours de 1000m, je tournais le dos à Cabrières et je laissais le vent me pousser où bon lui semblait. Le vomissement du vario me remit les pieds sur terre (façon de dire), je zonais entre Roques, prés de Salasc et les serres d'Octon et finis par reprendre goût à la vie ; un thermique lymphatique me hissait pratiquement au plaf réglementaire, tout en me décalant au dessus des ruines d'Octon. Certains de mes devanciers étaient déjà vers Dio et d'autres avaient jeté l'éponge. Me voilà sur la crête de Villecun, non par goût, si j'avais pu éviter ce coin je l'aurais fait volontiers (habituellement, une vieille histoire mal vécue avec une propriétaire agressif m'éloigne des lieux), mais mon étoile guidait mon vol. Et à raison ! Le thermique trouvé près de l'antenne me permettait d'arriver à la boule verte, maudite pour une majorité. Ce ne fut pas mon cas ce coup ci...
Aidé par un nuage qui voulait m'accueillir, je poursuivais mon chemin en bordure de celui-ci, il marquait le début d'une belle rue de nuages, semblant sans fin, vu des barbules.
Alors que je passais à l'étape "Larzac" en fuyant un cunimb qui trônait vers l'Aigoual, et qui me semblait trop près, je rejoignis Pat et Will au dessus de Saint Beaulize et je les suivais à distance.
Par manque de vigilance je faillis poser à Saint Paul des Fonts ; à deux cent mètres sol le thermique du cirque me disait que la fin de l'aventure n'était pas déjà écrite.
Mes deux compères en avaient profité pour prendre un peu d'avance. Le viaduc de Millau se profilait dans la brume, nous volions entre cinquante et soixante kilomètres heures. Pendant que Will volait au nuage, je "m'amusais" à marsouiner à bonne distance du sol. Depuis un moment la récup s'était organisée. Pascal nous suivait en voiture, par radio interposée. Le ciel de Millau était désert, pas un bout de chiffon en l'air ! La balise donnait 45km/h max. On irait poser ailleurs ! Un peu plus loin, au viaduc de Verrières, deux deltas nous gratifiaient d'un spectacle superbe ; un troisième volatile du genre des vautours les accompagnait en enroulant le thermique ! L'oiseau restait scotché quelques mètres en arrière et un peu au dessus du premier delta pendant cinq bonnes minutes, puis voyant des congénères passer, abandonna les humains.
Les rues de nuages nous enjoignaient de continuer vers le nord, nous nous exécutions de bonne grâce. En dessous, Saint Léons, la cité de Microplis et au loin le barrage de Pareloup nous rappelait la TMA de Rodez. Pas de problème, notre route nordique nous faisait passer bien à l'écart de celle-ci. A Vézins de Lévézou, Will et Pat étaient toujours devant, mais où ? Leurs voiles furtives n'arrivaient pas à ma pupille. Heureusement qu'il y avait la radio. Mais non. Elle faisait la gueule, plutôt elle la fermait. Je volais à pleine puissance d'émission depuis le départ et elle s'était essoufflée. Un quart d'heure d'arrêt lui fit du bien, mais pas à moi, pas droit à l'arrêt. En arrivant au dessus de Gaillac d'Aveyron, Will me demandait quelle était la vallée derrière le relief et si je pouvais y basculer.
En répondant la vallée du Lot je pensais qu'ils y étaient, mais sans les voir. Je me dirigeais vers celle-ci tout en cherchant les copains et quelque thermique. Quand je vis Pat prêt à poser je compris que nous étions tous les trois dans la même vallée et je décidais de changer mon axe de vol pour les rejoindre afin de simplifier la récup. De toute façon la rue de nuages avait disparu et le sol commençait à se rapprocher. Je posais à Galinières , un hameau fortifié à peine dix kilomètres au nord de Laissac, célèbre village aveyronnais connu pour son marché aux bestiaux. Après trois heures vingt de vol et 102 kilomètres parcourus en un peu plus de trois trente, Pascal avait déjà récupéré Will, puis ce fût mon tour et celui de Pat. Pose pression à Séverac et retour au Vissou pour récupérer nos charrettes.
Merci Pascal et Will pour le véhicule.
C'était la première fois que trois cabres volaient en groupe sur une route de 100 bornes. J'espère qu'il y aura mieux prochainement ; oui c'est possible ! ! !
Je souhaite toutes et tous de réaliser un tel vol, avec des sensations intenses, des paysages fabuleux et ... avec une récup aussi efficace.
Merci Jean Marie pour ce beau récit d'un SUPERBE VOL !
C'est effectivement LE recors du site pour les vols de groupe, un grand BRAVO à vous 3 (avec mention spéciale à Pat qui vole rarement à Vissou) ! ! !
Mais comme ça va donner envie à tous nos vaillants crosseurs, va falloir préparer des "chariotes grande capacité" pour les futures navettes...
En tout cas, ce jour là, JM, Pat et Will nous l'on montré, il y avait le potentiel pour que l'on fasse plein de km en groupe !
Faut qu'on s'accroche tous pour relever le défi, continuer la saison en beauté et pour alimenter le challenge du Vissou
Ceci étant, faut pas oublier qu'il y a de plus en plus de pilotes sur le site qui progressent et qui tiennent de mieux en mieux le thermique, prêts à partir ... Avec ses 3 catégories, le règlement du challenge prévoit une étape pour chaque niveau, à vous de jouer !
Si tous ces beaux cross au départ du Vissou ou même d'ailleurs peuvent avoir lieu c'est beaucoup grâce à l'esprit récup qui s'est installé au sein du club. De nombreux pilotes nous envient cette dynamique qui permet à ceux qui partent de voler l'esprit libre sans avoir à trop se soucier de "c'est bien beau tout ça, mais comment je vais rentrer ? ... y a quand même ma petite famille et le boulot demain !"
La récup, ça n'est pas forcément une corvée ... lorsque l'on est posé, et que l'on part sur la trace des copains à récupérer, on refait une partie du vol, à l'aller en faisant le lien entre ciel et route, au retour en étant le premier à écouter le récit enthousiaste des potes aux yeux pétillants ; et puis, on pose des jalons pour les prochains vols !
Pour info :
Pendant que nos 3 larrons voguaient le nez au vent du recors, une petite grappe de 6 pilotes (dont je faisais partie) et qui avait décollé un poil trop tard pour profiter des 2 premiers thermiques généreux, restait à Vissou à se faire brasser à cause d'une couche d'inversion intransigeante. Les thermiques un peu trop faibles n'arrivaient pas à nous faire passer ce plafond invisible vers 700m et donnaient à la masse d'air des allures de grand manège où nous faisions les Yoyos (bleurp), le tout accentué par une tendance Est.
Au bout d'une heure environ, à force de ténacité, Serge et moi arrivons à nous extraire ; mais derrière, la "marmite" s'était calmée, les ascenseurs étaient maigrichons et rares. Finalement, presque prête à me poser dans la plaine après Salasc pas loin de Sergio, je finis par enrouler une toute petite bulle qui m'entraîne tout de même à 13000m (je la quitte volontairement, on est encore dans la TMA 1350m) au dessus des antennes d'Octon. Ensuite, inquiétée par l'enclume qui trône au dessus de l'arrière pays, je trace un peu à l'ouest et me retrouve à Dio... là à 1200m j'étudie la suite et comme je ne suis pas une habituée de cette route, j'hésite, j'hésite... prendre les contreforts à l'ouest, ou tracer tout droit (au Nord-Est y a toujours ce gros noir bien alimenté, surmonté de son grand chapeau plat) ? ou m'arrêter là parce que la fatigue commence à me gagner ? Un peu à regret, je prends cette (sage) décision, les fourmis dans les mains et les pieds me titillent trop. Le "combat" à Vissou m'a pris trop d'énergie, Galinières, ça sera pour une autre fois, aujourd'hui ce sera "Caunas" au pied du site de Dio. Ensuite super récup BD avec arrêt bière à Salasc !