Y'a pas à dire, pour la météo, internet, c'est super ! Aujourd'hui : pourri ; lund : pourri ; Mardi : bof ; Mercredi : pourri…. Haaa ! Mardi : bof ? surveillons mardi …
Branle-bas de combat
Mardi matin 5 avril, sur le web : vent de sud faible, 2/8 de cumulus, le tout placé entre deux dépressions. La maison est en alerte maximum ; le gamin sort du collège à 11h30, à 11h45 il a mangé, à 12h30 (donc 10h30 au soleil ! ! !), j'arrive au Vissou. Là : personne ! Même pas le vent ! ... Attendons que ça s'organise, les brises vont se lever et ça m'étonnerait que Pascal, le bourreau de travail (pauvre travail !) n'ait pas fait la même analyse que moi. Sans surprise, il se pointe ; on se prépare, et à la première bouffe me voilà en l'air ; D'habitude, quand je décolle le premier, je fais un tas ; je m'en fous, ça fait rigoler les copains… mais, là, ça monte ! Agité, mais ça monte ! Une bulle sympa : 1200m. Pascal pris de court, décolle ; je suis au nuage…tant pis, je ne l'attends pas, je pars direction de la Séranne ; ça pourrait être Villecun ou Dio… Non, c'est la Séranne, ne me demandez pas pourquoi ! Clermont : le nuage à 1250, c'est peu, la route du rocher des Vierges est longue, au-dessus de Rabieux mon aile renifle un thermique : hop 1100, à nous le « rocher des Vierges ». J'avais oublié que les vierges étaient aussi agitées quand on leur passe dessus : fermeture à droite, à gauche, plus d'une demi-aile ; ça brasse dans tous les sens.
A la radio : « Pascal, t'en es où ? » - réponse (voix caverneuse) : « je fais un point bas à Clermont, mais je me bats, je me bats ! »
Vue sur la plaine du Baudile
Enfin un noyau dur, j'enroule 1250 au-dessus d'Arboras ; Pascal arrive, ça boulègue trop, je lui laisse les Vierges et je me tire. Un petit coucou au Baudile en passant, et je replonge vers les Lavagnes…-6, ça chahute dans tous les sens ; heureusement, deux oiseaux enroulent dans la plaine, je les rejoins et me voilà à 1300, ça continue à bouger près du nuage, mais que c'est beau ! D'un côté, le Larzac, de l'autre, la mer, et au-dessous des vallées arides.
A la radio : « Pascal où en es-tu ? » « Je fais un point bas, mais je me bats, je me bats ! »… Le plein au cirque de la Séranne : 1550, le plein un peu plus loin, un coucou à la Séranne où deux parapentes semblent se battre avec l'aérologie ; direction le thermique de la vierge ; pas de chance, un planeur enroule dessus, et puis, vu l'expérience des vierges précédentes, je préfère l'option « petit cum » vers Coupiac - un petit 1300 juste pour traverser la plaine jusqu'à St Bauzille ; c'est peu, mais c'est du bonus, mon record est battu !
« Allo, Pascal, altitude, position ? » Voix caverneuse : « je fais un point bas, mais je me bats, mais je me bats »
Et on continue : la plaine…ça dégueule, puis, l'aile se met à bouger : 1100 Youpi ! C'est bon pour les Demoiselles, mais je ne m'y arrête pas, j'ai peur qu'elles soient agitées-elles aussi ! Un peu plus loin : thermique Youpi ! 1350 bien décalé vers La Cadière. Transition, raccrochage facile au-dessus du relief - petits thermiques - St Hippolyte est à portée de suspente.
En passant par Saint Hyppo
« Allo, Pascal ? » Voix caverneuse : « je fais un point bas, mais je me bats, mais je me bats » Là, les nuages se désagrègent…où aller ? Il faut réfléchir vite ! Revenir vers Ganges, engranger des km… pas question ! Le but du challenge, c'est d'aller le plus loin possible…vers Quissac ? Les cums se défont ! Vers Anduze, alors ? J'ai toujours rêvé d'aller à Anduze, pour un ancien potier, c'est peut-être un pèlerinage ! Je ne suis pas très haut, mais tant pis, je repère un champ en bordure de forêt, je me place au dessus, et Bingo 1200 ! Derrière un autre thermique, 1500, la route d'Anduze est ouverte… !
« Allo, Pascal ? »Voix très caverneuse : « je fais un point très bas, je vais me poser à St Hippo »
Arrivé à Anduze, j'ai l'impression d'avoir atteint un but ; fatigué, je ne me sentais pas le courage de survoler Alès, les cums n'y sont plus, la ville est immense… Se poser près du Gardon : impossible, trop agité ; je cherche, je cherche et je trouve une petite vache bien sympathique.
3h30 de vol, plus de 70 km parcourus et déjà posé ? Ou… enfin posé ? Je ne sais plus ! La surprise d'avoir fait ce chemin, la majesté du vol, la fatigue physique et nerveuse m'envahissent ! Et puis, sans honte, il faut bien l'avouer (l'esprit et la chair sont faibles), le plaisir d'avoir grillé les copains se mêle au regret de ne pas avoir fait route avec la voix caverneuse qui me poursuivait.
La récup, organisée de main de maître, à la minute près et le portable à la main par Pascal est un chef d'œuvre du genre ! Merci à cet inconnu venu m'accueillir à l'atterrissage et qui m'a gentiment amené à St Hippo, merci à Caro, Anaïs et Mathias, merci à Jean Marie pour leur dévouement.
Et puis, je repense encore à la première fois où Pascal a réussi la liaison Vissou/Séranne : ce jour là je n'ai pas volé, je le suivais avec la récup… mais ce vol, je l'ai partagé avec lui, j'ai beaucoup appris, je crois qu'il m'a permis de réaliser, pas mal de temps après, celui que je viens de raconter.