La page blanche ... les mots qui apparaissent, qui s'enchaînent comme chacun de nos pas sur cette montagne.

Le sac est lourd, le versant raide. Le soleil, les premiers cumulus, la vallée, les vallées, la brise, les brises ... Toutes ces informations cognent dans ma tête. Assurer notre sécurité, hiérarchiser tout cela, en attendant il faut monter,gagner des mètres d'altitude, le carburant du vol.

Puis arrive l'instant de la contemplation. Des sommets, des crêtes à perte de vue, la neige sur les Ecrins, trop de nom à retenir. Contempler suffit.

Manger, récupérer, analyser, les vieux réflexes reviennent. L herbe grasse des alpages entre mes doigts vient fouetter mon visage : la brise nous aidera. Ma voile bleue se déploie sur les verts pâturages et viendra bientôt se mélanger à l'azur.

La musique du vol peut commencer, la partition se jouera à quatre pieds.

Les premiers gestes, la tension dans les écarteurs, nous échappons à la gravité. Nos pieds glissent si prés du sol, instant délicieux. Mon passager exulte, la récompense de l'effort, le cadeau de notre séjour. La glissade continue, le sol se dérobe, laissant apparaître la falaise inhospitalière. Notre aéronef s'en joue, on s'en échappe. Le temps se ralentit, l'aérologie nous offre ses premiers thermiques et quelques mètres de plus.

Contempler, enrouler, descendre, remonter, assurer sa sécurité, chercher la performance, la connaissances des lieux, chacun prendra un peu de ces actions pour construire son vol selon ses doses, ses envies. Le cocktail du plaisir est très personnel. Ce jour-là, le mien était de partager.

Suspendre le temps ne dure qu'un instant, la force des brises de vallées me rappelle qu'il faut redevenir pédestre.

L'ombre des arbres, l'apaisement. Nos pas s'enchaînent à nouveau mais cette fois-ci vers la bière du libériste.

Un cycle s'achève. les mots touchent à leur fin, la page redevient blanche .....

Les images jointes

 

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