Mardi 29 mai, deuxième jour du stage avec Didier Exiga et Renaud François autour d'Annecy.
Nous optons pour le déco de la Forclaz.
Plan de vol : sortir des Bauges et raccrocher Belledonne.
Alors ça, c'est un vol que j'ai essayé de faire au moins deux fois, et qui dans les deux cas s'était terminé au bout du Roc des Boeufs... Autant dire que je suis motivé.
Renaud se met en l'air. Dès qu'il commence à enrouler le thermique un peu faiblard du matin, je décolle, suivi de peu par Arnaud. Mais je suis manifestement parti dans un mauvais cycle. Toutes les voiles qui n'ont pas dépassé le niveau du déco commencent à descendre lamentablement. Je suis sûr que ça va se rallumer, c'est juste un peu tôt.
Didier confirme en radio : "Accroches-toi, ça va le faire, avances-toi vers les petites falaises du lac..." Tu parles ! 20 minutes après avoir décollé, je suis posé à Planfait.
A bout de nerfs, je plie dare-dare et file me placer au rond-point. J'entends en radio qu'Arnaud a subi le même sort. Didier nous dit qu'il va venir nous chercher. Mais une voiture s'arrête et, comble de chance, il s'agit de volatiles suisses qui ont la carte pour monter jusqu'au déco (ça m'évitera le petit raidillon à pied et la suée qui va avec).
Sur la moquette de la Forclaz, je ne traine pas.
Tous les cabres du stage sont déjà partis, Didier est redescendu chercher Arnaud. Je me fais une place sans problème dans la cohue ambiante et je décolle pour la deuxième fois. La radio m'informe que le groupe a déjà traversé le lac. j'entends les conversations mais elles me semblent lointaines. Je me concentre sur mon vol.
Plaf à 2000 derrière le déco, j'enquille la traversée du lac sans passer par les Dents de Lanfon.
Il paraît que ça marche aussi pour peu qu'on arrive à rester au dessus de la brise. Et ça le fait.
Je raccroche le Roc des Boeufs à 1300.
Du velours. J'avance sur la bête sans rien lâcher. Je sais d'expérience que si on se laisse glisser sur la face ouest on se fait enterrer par la brise qui monte du lac. J'enroule tout ce que je trouve. Et ça passe. A 1900m au bout du Roc des Boeufs, je vois des ailes qui enroulent au sud. Un thermique généreux me monte à 2425m.
Je suis assuré de ne pas poser à la Compôte.
Bien que certains aient fait le détour par le Colombier, je décide d'attaquer directement la transition en diagonale vers le relief de la Dent d'Arclusaz. J'y arrive effectivement dans un certain confort : 1600m à l'alti.
Michel, Nanou et Jean-Christophe ont posé dans les Bauges. Christian et José sont passés, mais j'ignore par quel endroit exactement. Peu importe, L'arête qui mène à la Dent d'Arclusaz est un véritable ascenseur. Je n'enroule pas une fois jusqu'au sommet, passant de 1600 à 2100 sans un virage. C'est énorme.
La Dent d'Arclusaz, c'est la porte de sortie des Bauges.
On débouche sur la vallée entre Albertville et Grenoble avec près de 2000 mètres sous les pieds. C'est magnifique et très excitant. Un gros cum un peu penché vers le sud m'indique que la brise du lac remonte jusqu'au sommet. Je me doute que ça va brasser. L'idée c'est de faire un plaf avant d'attaquer la transition. Bonne idée, que j'abandonne au bout d'un seul tour tellement je me fais secouer. Et ce n'est pas fini. A 16h03 je me cale sur l'axe de Chamoux. A 16h08 j'ai perdu 800 mètres mais j'ai gagné mon brevet de danseur de samba sous le vent... haut la main !
Le thermique de plaine au dessus de l'Isère me redonne un peu de gaz : 1800m.
Quand j'arrive sur Chamoux, Christian est posé, à l'atterro officiel. José aussi, un peu plus loin en direction de la Rochette. Arnaud a repris son vol, guidé en radio par Didier qui conduit la navette. Renaud patiente au radada sur l'arrête qui mène au déco de Chamoux. Comme j'arrive un peu haut, je me place sur l'arête plus au sud. La remontée est un peu longue mais je sors. Le thermique me décale vers l'intérieur de Belledonne, vers l'Est.
Je vise donc le sommet du Grand Chat.
Sur cet axe le plafond semble un peu bas, le ciel chargé et le sol hostile. J'espère que la face ouest me portera jusqu'à Allevard. Hélas, à mesure que j'avance, sautant d'épaule en épaule, j'entre dans la brise qui remonte vers le nord.
J'aurais dû rester sur les petits reliefs après Chamoux et glisser tranquillement vers la Rochette. C'est l'option que me conseille Renaud. Mais je ne capte pas bien le message radio. Tant pis, je pose à Presle, juste avant la Rochette. Renaud est suffisamment haut pour atteindre Allevard. Arnaud posera peu de temps après dans le même champ que José.
Très beau vol. Vraiment, très beau vol.
Juste deux heures, mais le pied. Je suis sûr que ça me fera pareil la première fois que je ferai 100 bornes au départ du Vissou !
Pour le saut vers Belledonne, les traces montrent que le passage se fait en effet par les avant-reliefs qui portent pas mal et permettent de rejoindre le relief de Brame-Farine (Est de Pontcharra) avant d'attaquer la remontée proprement dite. Et il de notoriété qu'il ne faut pas s'aventurer dans la vallée des Huiles.
Une option que j'aimerai bien tenter un jour .... peut-être pourras-tu nous guider ?
En tout cas, bravo pour ta course réussie après les autres .... une bonne chose pour le "capital confiance" (c'est à la mode).
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